Les Espagnols - De la guerre civile à l'Europe

Les Espagnols - De la guerre civile à l'Europe - Alexandre Fernandez

Description

Introduction?>« J'aime l'Espagnol parce qu'il est type, il n'est copie de personne. Ce sera le dernier type existant en Europe. »
C'EST PAR CETTE PHRASE EXTRAITE des Mémoires d'un touriste de Stendhal qu'Aline Angoustures ouvre la conclusion de l'essai qu'elle a consacré à l'analyse des idées reçues et préjugés sur l'Espagne1.On pouvait encore dans les années 1960 trouver une illustration de ces idées reçues sur les Espagnols, sous la plume de l'anthropologue anglais, Julian Pitt-Rivers, pourtant bon connaisseur de la péninsule et de ses habitants qui déclarait en introduction à une « enquête » ethnographique :« Être espagnol c'est atteindre le degré extrême de la condition humaine. Les Espagnols en soi ne sont pas très différents du reste de l'humanité, sinon qu'ils sont “davantage”... en tous les domaines. C'est-à-dire que s'ils sont joyeux ils le sont davantage que les autres et la fête andalouse est la plus sublime de toutes ; s'ils sont tristes ils sont plus tragiques et plus dignes dans leur tragédie. S'ils sont sympathiques ils sont plus sympathiques, mais s'ils sont antipathiques ils sont plus insensibles que tout ce que l'on peut imaginer. S'ils aiment, ils aiment davantage, s'ils haïssent, c'est également plus fort que quiconque et ils savent cacher leur haine mieux que quiconque2 ! »
À l'exemple d'Umberto Eco qui prétend que si l'apparition de deux clichés dans un film provoque le ridicule, l'accumulation de tous les lieux communs et le pathos peuvent conduire à la réalisation d'un mélodrame réussi, Pitt-Rivers aurait pu rajouter la fierté et l'orgueil, dont Aline Angoustures rappelle qu'il s'agit du trait distinctif majeur attribué aux Espagnols par 43 % des Français dans une enquête de 1980. C'est l'image du « fier Ibère au sang chaud », une sorte de composante génétique collective, manifestée par la susceptibilité, la « défense de l'honneur », dont on trouverait aisément la manifestation, tant dans les drames particuliers dont Carmen est le symbole que dans la violence collective de la guerre civile (on se plaît à rappeler le Viva la Muerte de Millan Astray). Les Espagnols seraient atteints d'une véritable passion pour la tragédie, ou plutôt le drame morbide, confinât-il au sublime comme dans les tableaux de Goya ou au contestable comme dans les courses de taureaux. Un trait assurément établi qui, certes, suscite des appréciations diverses : parfois de l'admiration pour une nation qui a su échapper aux mesquineries de l'embourgeoisement, mais plus souvent la moquerie à l'égard d'un peuple, dont le héros symbolique est... Don Quichotte – en fait les avatars du chevalier à la triste figure tels qu'ils ont été réinterprétés. Le pendant de la face héroïque – et plutôt castillane – du grotesque, ce sont l'insouciance et la nonchalance, sinon la paresse : une représentation fondée sur le personnage de Sancho Pança et les espagnolades du XIXe siècle – le soleil, la sieste, la passion amoureuse, la danse – où une Andalousie de pacotille porte à elle seule ce que c'est que d'être espagnol et surtout espagnole. Une mise en scène qui, d'une certaine façon, peut rendre aimables les personnages, mais qui affirme décidément leur irrémédiable inaptitude à la modernité. Un pays que l'on peut visiter – et l'on ne s'en privera pas –, des « gens » avec qui l'on peut partager certaines passions artistiques, certaines émotions, mais avec lesquels il ne viendrait à l'idée de personne de travailler et de commercer. Lorsque la réalité ne colle pas à la représentation, comme pouvait le remarquer tout voyageur visitant Barcelone ou traversant la Catalogne ou le Pays Basque industriels, c'est que les habitants de ces régions... ne sont pas complètement espagnols.Au vrai, la construction des clichés n'incombe pas qu'aux seuls étrangers. Les Espagnols eux-mêmes, les Castillans, les Andalous et les autres ont contribué à nourrir ces représentations. Combien de montages d'affiches représentant une sorte de soleil-orange irradiant sur le sable d'une plage ont servi et continuent de servir non seulement aux publicitaires mais aussi aux autorités qui veulent attirer les visiteurs. Plus triste encore, car ici l'argument touristique ne joue même pas, Aline Angoustures évoque la colère des écrivains espagnols à la foire de Francfort confinés dans le stand dressé par leur propre ministère de la Culture en forme... d'arènes et baigné par une vague ambiance musicale Flamenco. À l'inverse, combien de Basques et de Catalans qui non seulement s'agacent tout haut de n'être point distingués des autres – c'est-à-dire la plupart du temps des Andalous et des Castillans – mais qui, de plus en plus souvent, aiment à dire... qu'ils ne sont pas espagnols.

Détails

Auteur: Alexandre Fernandez

Editeur: Armand Colin

Collection: Nathan Université

Presentation: Broché

Date de parution: 29 Mai 2008

Nombre de pages: 240

Dimensions: 16 x 24 x 1,8

Prix publique: 36,00 €

Information complémentaires

Classification: Histoire > Histoire générale et thématique

Code Classification: 3377 > 3378

EAN-13: 9782200269197

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